Typologie des cavités

Les cavités naturelles

Rivière souterraine de MONTRÉSOR

Rivière souterraine de MONTRÉSOR

Bien que largement minoritaires en Touraine, certaines cavités se sont formées de manière naturelle, sans interventions anthropiques. En effet, ce genre de cavités se rencontre plus facilement dans les grands massifs tels que les Pyrénées, les Alpes ainsi qu’en bordure sud de Massif central.

Ces cavités souterraines ont pour origine un phénomène d’érosion du calcaire qui se nomme phénomène d’érosion karstique. Celui-ci consiste en une active corrosion, s’expliquant par la sensibilité de la roche calcaire à la dissolution dans les eaux agressives. Le gaz carbonique retenu dans l’eau va se transformer en acide carbonique. Les processus chimiques ne sont pas les seuls responsables des karsts. En effet, des processus mécaniques s’y ajoutent comme les failles et les diaclases. Ainsi, les infiltrations sont facilitées par ces fractures rocheuses.

Les cavités souterraines d’origines non anthropiques, appelées aussi «grottes », se reconnaissent à ces mouvements du calcaire dissous. Par conséquent, leurs toits s’ornent souvent de stalactites en cônes, en draperies ou en pendeloques, tandis que des stalagmites s’élèvent depuis leurs planchers. Lorsque ces édifices concrétionnaires se rejoignent, ils constituent des cloisons et des colonnes.


Les cavités artificielles

⇒ Les carrières d’extraction

Les anciennes galeries d’extraction présentes notamment aux flancs des vallées,  sont très nombreuses en Touraine.

En raison de ses propriétés physiques, le calcaire blanc du Turonien moyen a été exploité depuis des décennies en Touraine et aussi dans l’Anjou voisin.

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Le tuffeau est une roche tendre, facile à débiter lorsqu’elle est encore gorgée de son eau de carrière, en séchant à l’air, elle durcit et s’enrobe de calcin. C’est une roche poreuse, saine, facile à sculpter et travailler. De nombreuses maisons traditionnelles tourangelles sont constituées de ces moellons calcaires, issus directement des carrières souterraines.

Cette extraction commença à l’époque romaine, se poursuivie de façon conséquente jusqu’à la Première Guerre Mondiale puis s’est progressivement éteinte. En effet, d’autres matériaux s’introduisent peu à peu dans la construction car l’usage du tuffeau extrait, présentait de graves inconvénients, telle que le salpêtrage.

Les méthodes de creusement des galeries sont de deux types :Les galeries creusées et localisées en majeure partie au flanc des coteaux forment aujourd’hui les ensembles les plus vastes et les plus complexes des cavités souterraines locales. Beaucoup d’entre elles se développent sur d’impressionnantes longueurs, et s’étagent parfois sur plusieurs niveaux.

  • Méthode des piliers isolés : ils possèdent une section grossièrement quadrangulaire d’environ 4 à 5 mètres de coté. Selon la sagesse et le savoir des carriers, il est engendré tantôt des piliers judicieusement placés et raisonnablement espacés, tantôt des situations précaires inquiétantes.
  • Méthode des piliers longs : sont constitués de longs bancs de roche d’une longueur variant d’une à plusieurs dizaines de mètres ; leur largeur tout aussi variable est de l’ordre du demi mètre, insuffisant pour assurer la solidité, à la dizaine de mètres. L’exploitation s’est déroulée sous forme de longues galeries subparallèles, communiquant, en bout ou latéralement, entre elles.

On rencontre de temps à autre des soutènements mixtes dont les largeurs de galeries sont très variables et souvent excessives quand l’exploitation était anarchique. Lorsque c’est le cas sur plusieurs niveaux, la stabilité du coteau s’en trouve fortement compromise et il faut procéder à des travaux de confortement.
Il peut y avoir eu un seul niveau d’exploitation ou plusieurs, ainsi le banc intermédiaire situé entre deux niveaux de galeries est nommé banc séparatif.
On peut évaluer la solidité d’une carrière par le calcul d’un indice éloquent appelé « taux de défruitement »*. Celui-ci correspond au rapport de la surface des vides sur la surface totale d’une carrière.

Depuis toujours, des organismes furent chargés d’évaluer la solidité des galeries selon la nature de la roche et les méthodes utilisées.

Le tuffeau considéré comme principal élément de construction régional a été progressivement mis à l’abandon au début du 20ème siècle, au profit de nouveaux matériaux industriels dont principalement le béton. De nos jours, l’ensemble des carrières d’extraction souterraine de Tuffeau de Touraine a été fermé. Par ailleurs, les quelques tentatives de remise en service furent freinées par les risques d’éboulement.

Ensuite, dans certains grands ensembles de galeries s’est développée une activité que l’on peut qualifier d’industrielle : la culture du champignon. L’air y est climatisé à des températures bien précises et l’hygrométrie scientifiquement contrôlée.
Cependant cette activité qui s’est bien développée dans la région il y a des dizaines d’années, est en nette perte de vitesse actuellement.

 ⇒ Les Habitats troglodytiques et les caves de stockage

De nombreuses habitations troglodytiques tourangelles sont des sites dits « de falaise », les excavations sont perpendiculaires à la paroi rocheuse affleurante. Elles comprennent quelquefois plusieurs niveaux reliés entre eux par des escaliers en colimaçon. On recense aussi quelques habitations souterraines dites « de plaine », mais elles sont plus nombreuses dans les régions à falun du Maine et Loire.

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Dans la région, les habitations troglodytiques forment une véritable alternative à l’habitat traditionnel, tout en constituant ce que l’on pourrait qualifier d’une curiosité régionale très appréciée des touristes.
De plus en plus, le secteur tertiaire utilise ces sites hors du commun pour y développer leur activité (restauration, hôtels, gîtes ruraux).


 ⇒ Les ouvrages pour le captage et l’acheminement des Eaux

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 Un grand nombre de cavités souterraines furent creusées au cours des décennies dans l’optique de capter, d’acheminer ou bien encore d’évacuer l’eau. On peut ainsi citer à titre d’exemple les aqueducs et souterrains, les puits, les galeries de collecte des eaux, les réserves souterraines et les citernes, les évacuations des eaux, ou encore les égouts.
« Les fontaines du Limançon » à SAINT AVERTIN en sont un exemple.


⇒ Les lieux religieux

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On compte un bon nombre de chapelles souterraines en Touraine, certaines se retrouvant aujourd’hui sous les églises même, comme par exemple la crypte de Tavant, célèbre pour ses remarquables fresques.

De même, la chapelle Sainte-Radegonde à Chinon, a été creusée à même le coteau dominant la vallée de la Vienne, alors que la plupart des sanctuaires souterrains ont été édifiés dans d’importants domaines.


⇒ Les souterrains refuges

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En temps de trouble, ces cavités ont servi d’abris provisoires, de cachettes prévues pour se cacher, avec des entrées camouflées et équipées de moyens de défense. On les nomme « souterrains refuges ».